Mexico, de notre correspondante.
Depuis cinq mois, le campus de l'université nationale autonome (Unam) est déserté de ses 300 000 étudiants. D'ordinaire grouillante d'une foule compacte souvent venue de loin en l'absence de tout logement universitaire, cette ville dans la ville est aujourd'hui paralysée par une grève record. Ce qui déconcerte la classe politique, en pleine préparation de la présidentielle de juillet 2000.
Tout s'est arrêté au printemps, quand le recteur Francisco Barnés de Castro a imposé à la hussarde des frais d'inscription de 680 pesos (environ 420 francs) par semestre au lieu des 25 centavos (15 centimes) symboliques de toujours. «C'est l'ensemble de notre système éducatif qui est en jeu», avait-il déclaré à l'annonce par le gouvernement d'une nouvelle coupe dans le budget universitaire. Etudiants et professeurs se plaignaient du délabrement des locaux datant des années 50, du manque de matériel et de la mauvaise réputation des diplômes. La sauver pour le prix d'une course en taxi (entre 3 et 4 francs) par jour, semblait à certains une bonne idée. Mais, dans un pays où le revenu quotidien est d'environ vingt francs, la fin de la gratuité aurait exigé un minimum de diplomatie. Les étudiants et une bonne partie du corps enseignant n'ont pas accepté le téméraire «plan Barnés», même s'il prévoyait une exemption des droits pour les plus démunis. Manifestations, banderoles et tracts ont fleuri. Le 22 avril, l'Unam est devenue le territoire des étudiants.
Ultras.