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Libération

SPECIAL CHINE. Au pied du Cho Oyu, une colonne de réfugiés tibétains. Chaque jour, des petits groupes franchissent la frontière sino-népalaise pour fuir l'occupation chinoise.

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publié le 1er octobre 1999 à 0h59

(envoyé spécial au Tibet)

Ils sont 26. Le plus jeune a 13 ans et vient de Lhassa. Le plus âgé ne doit pas avoir beaucoup plus de 35 ans. Comme près de 200 000 Tibétains depuis l'écrasement du soulèvement de Lhassa, en 1959, ils ont pris le chemin de l'exil. Ils abordent les champs de neige qui mènent au Nanpa La, ce col à 5 700 m d'altitude qui marque la frontière entre la Chine (le Tibet) et le Népal. Ici, le chemin des alpinistes croise celui des réfugiés tibétains: le Nanpa La n'est qu'à quelques centaines de mètres du camp de base du Cho Oyu, 8 201 m. Kalsang, 15 ans, est le seul du groupe à parler quelques mots d'anglais. Vivant à Lhassa, la capitale tibétaine, il a pris le chemin de l'exil avec son frère de 13 ans pour étudier en Inde, à Dharamsala, où une bonne partie de la diaspora tibétaine s'est établie autour du dalaï-lama.

Kalsang porte un anorak rouge et une simple paire de baskets. A l'approche de la neige, tous les réfugiés, chaussés de même, ont sorti chaussettes de laine, écharpes et bonnets. Tous n'ont pas la chance d'avoir des lunettes de soleil, et, ce soir, l'ophtalmie frappera. Ils n'ont que de petits sacs à dos (souvent des contrefaçons Adidas ou Nike), d'où, à la pause, ils sortent une Thermos de thé et la poignée de stampa (farine d'orge) qui, mouillée d'un peu d'eau, est leur seule nourriture depuis cinq jours qu'ils marchent. Avec leur tenue bon marché, ils affrontent, la nuit, des températures de -10°.

Chaque jour ou presque, de petits groupes de réf