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Libération

SPECIAL CHINE. L'opposant Abraham Serfaty de retour au Maroc. C'est le premier geste politique de rupture du nouveau roi.

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publié le 1er octobre 1999 à 0h59

Après dix-sept ans de détention au Maroc, pendant lesquels il avait

refusé de solliciter la grâce de Hassan II pour prix de sa liberté, puis huit années d'exil en France, où il avait été expulsé à sa sortie de prison, en 1991, sous prétexte d'être «brésilien», Abraham Serfaty est rentré hier soir dans son pays. L'opposant marocain, âgé de 73 ans, en chaise roulante, a embarqué à bord d'un vol de la Royal Air Maroc pour Rabat en compagnie de son épouse française, Christine Daure-Serfaty, également interdite de séjour au Maroc depuis dix ans. Son retour au pays est l'aboutissement d'une négociation secrète, entamée dès la fin juillet, peu après le décès de Hassan II, directement avec son fils et successeur, Mohammed VI. C'est l'un des premiers actes politiques de rupture du nouveau roi.

Pendant les années de plomb au Maroc, Abraham Serfaty, juif marocain né en 1926 à Casablanca, militant communiste dès l'âge de 18 ans et nationaliste «banni» en 1951 dans le Cantal par la France coloniale, ingénieur des Mines de profession, était «l'homme qui est resté debout face à Hassan II». En rupture avec son milieu, l'ancien directeur à l'Office chérifien des phosphates s'était solidarisé avec des mineurs en grève, avait lancé la revue Souffles avec le poète Abdellatif Laabi, puis fondé le mouvement d'extrême gauche Ilal Aman («En avant»). Arrêté, torturé, relâché puis pourchassé pendant deux ans et demi de clandestinité, un temps caché par une enseignante française au lycée Mohammed-V à Ca