De pétaradantes Lada derrière des BMW poussiéreuses, des camions à bétail faisant gronder leur moteur devant des Mercedes" Au poste frontière, entre la Tchétchénie et l'Ingouchie, s'étale sur plus de trente kilomètres une colonne d'engins motorisés en tout genre sous un soleil d'automne encore ardent. Par dizaine de milliers, en flot continu depuis une semaine, les Tchétchènes quittent leur pays, redoutant une seconde guerre entre la République caucasienne indépendantiste et la Fédération de Russie. Les gardes-frontières ingouches ne vérifient quasiment plus rien. Dépassés par l'ampleur du mouvement migratoire, malgré leur uniforme de l'armée et la Kalachnikov en bandoulière, ils servent davantage d'agent de la circulation que de force de l'ordre. C'est en territoire tchétchène, sur les bas-côtés de cette route sans fin qui court de Rostov-sur-le-Don jusqu'à Bakou, en Azerbaïdjan, qu'un camp de fortune a été érigé la semaine dernière en urgence et dans la confusion.
Mères éplorées. «Ici vivent quelque 3 500 personnes" officiellement, mais c'est sans compter ceux qui ne s'enregistrent pas, et il y en a beaucoup», annonce le directeur du camp dépêché par l'administration ingouche, Abdullah Karamekh, constamment assailli par des mères éplorées, des grands-mères qui peinent à expliquer leurs problèmes ou des chefs de famille en proie à une totale déroute. Le «camp» est constitué d'une centaine de tentes jaunies, mises à disposition par l'armée, et d'un centre où