Alors que les premiers blindés russes sont entrés en territoire tchétchène, samedi, pour prendre position non loin de la frontière avec le Daguestan, à Grozny, la capitale tchétchène, l'ambiance demeure calme en apparence. Aux abords de la ville, une immense raffinerie pétrolière dresse ses constructions métalliques vers le ciel, noircies par le récent incendie dû au bombardement russe. Ce complexe, cible stratégique déjà bombardée en 1994, aux premiers jours de la première guerre russo-tchétchène, a à nouveau été anéanti il y a quelques jours. A l'entrée de Grozny, le poste de GAI (agent de la circulation) est à peine reconnaissable sous les décombres et les sacs de sable empilés en guise de protection. Un obus l'a achevé en milieu de semaine dernière. Dans le quartier nord-est, un groupe de quatre maisons en brique et à toit pointu, dans la rue Ingouchetskaïa, a également été la victime des frappes russes.
Dans la brume matinale, quelques hommes tentent d'évaluer les dégâts. Une vieille femme sort de sa cour en faisant grincer son porche en métal bleu, criblé d'impacts de balles. Maata a du mal à cacher sa colère: «Bien sûr qu'ils tuent des innocents, déclare-t-elle. On l'a vu de nos propres yeux, il y a quelques jours, ils nous ont bombardés ici même. Une famille entière a péri, six personnes!» L'obus est tombé droit dans la maison voisine. «Moi aussi j'ai peur, avoue-t-elle, mais que faire? Je ne peux pas me permettre de partir, je n'ai tout simplement nulle part où aller