Soirée électorale à la télévision autrichienne: les chefs des cinq
principaux partis sont assis en demi-cercle, discutent et plaisantent, comme si de rien n'était. Le parti d'extrême droite de Jörg Haider vient juste de remporter 27,2% des voix, un nouveau record national. Wolfgang Schüssel, le leader du Parti conservateur, félicite «les deux gagnants de l'élection: les Verts et les Bleus (la couleur du parti de Haider)». «La vie continue», enchaîne-t-il, l'Autriche demeure «un pays stable, un pays magnifique».
A l'heure où, dans tout le reste du monde, les journaux titrent sur l'inquiétante percée de l'extrême droite autrichienne, les Autrichiens se congratulent. «L'Autriche est un pays à succès, envié dans de nombreux pays», lance Viktor Klima, le chancelier social-démocrate sortant, cachant derrière un optimisme forcé la débâcle que vient de subir son parti: 33,4%. Son pire score depuis la guerre. Durant les cinq heures de soirée électorale télévisée, personne quasiment ne s'inquiète du score engrangé par le FPÖ (l'extrême droite), parti dont la tête de liste, Thomas Prinzhorn, s'indignait pendant la campagne que les étrangers reçoivent gratuitement en Autriche «des hormones de fécondité». Interrogé sur le gouvernement qu'il compte former et sur l'éventualité de négociations avec le FPÖ, Viktor Klima tend même la main à son voisin Haider: «Le FPÖ a toujours été un interlocuteur. Nous avons toujours parlé ensemble.»
«Haiderisation». L'issue la plus probable de ces élections r