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Libération
Interview

«Un gigantesque programme de divertissement populaire». Haider vu par un journaliste autrichien.

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publié le 5 octobre 1999 à 1h03

Rédacteur en chef du magazine autrichien Falter, Armin Thurnher est

l'auteur de plusieurs livres sur son pays, dont le dernier, le Traumatisme, une vie, est une fine analyse de la psyché autrichienne.

Comment expliquer le succès de Haider?

L'explication indulgente est que les Autrichiens veulent briser la domination des deux grands partis social-démocrate et conservateur qui ont mis le pays en coupe réglée depuis cinquante ans. L'explication plus sévère est que, dans un pays qui va aussi bien, les gens pensent pouvoir faire ce qu'il leur plaît, essayer autre chose sans se soucier de morale. Et, au temps de la mondialisation, se créer un petit nid où la race des Autrichiens gouverne. Mais le phénomène a aussi des racines historiques profondes. L'Autriche n'a pas de tradition bourgeoise ni révolutionnaire comme la France. Notre tradition est absolutiste et cléricale: après 1945, les partis ont repris cette tradition de soumission à l'autorité. Une partie du phénomène Haider vient du fait qu'après 1945 une république a été installée en Autriche sans que les institutions démocratiques aient été vraiment renouvelées. Tout le débat constitutionnel accompli en Allemagne, le travail de rééducation mené par les Alliés, la mise en place d'une nouvelle presse", tout cela a manqué en Autriche. Pour l'essentiel, on a repris la Constitution de la première République et les partis ont pris possession de l'Etat, instaurant une sorte d'absolutisme démocratique.

L'Autriche paierait aujourd'hui