Moscou, de notre correspondante.
Jusqu'à la crise, Pavel Borodine, le patron de l'empire économique du Kremlin, gagnait correctement sa vie: 1 000 dollars (6 000 francs) par mois, le troisième salaire de l'Etat, derrière le président et le Premier ministre. Avec l'effondrement du rouble, il ne touche plus que 600 dollars. Mais il ne se plaint pas: «Il y en a qui vivent avec 50 dollars par mois.» Pavel Borodine, l'homme autour duquel tournent tous les scandales qui éclaboussent le Kremlin, est ainsi: hâbleur, sûr de lui et même vantard, comme requinqué par les attaques qui le visent. Il rejette toutes les accusations de corruption et se présente comme un super-gestionnaire, champion de la transparence, en butte à de sombres complots politiques. «S'il y avait la moindre preuve contre moi, je ne serai pas là ici à vous parler», nous expliquait-il lundi dans son bureau.
Borodine, 52 ans, compte parmi les puissants de Russie. Depuis 1993, il dirige le «Département des affaires du président», un énorme empire financier et immobilier estimé à plusieurs milliards de dollars. Ce département, rattaché directement au président, gère tous les biens de l'Etat: les bâtiments officiels le Kremlin, la Maison-Blanche, etc , 2 000 datchas, 3 millions de mètres carrés de bureaux, des propriétés dans 78 pays, des parcs de voitures, des complexes hôteliers, des centres médicaux, etc. Il fait travailler quelque 100 000 personnes.
Pots-de-vin. L'«intendant» du Kremlin n'est sous le coup d'aucune i