Le procès et son verdict ne dépareilleraient pas dans les
dénonciations lancées par Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, contre l'impéritie de la justice de son pays. Mais la politique a visiblement des raisons que les juges ne connaissent pas. Du coup, le tribunal d'Alger a instruit avec une surprenante célérité la plainte déposée contre un homme politique (d'opposition) par un chef de milice accusé par la population d'une petite ville d'avoir tué un adolescent. Pendant que le père de la victime attend depuis plus d'un an qu'un procès fasse la lumière sur ce meurtre, commis en plein jour devant la moitié du village et une unité de gendarmerie.
Tout commence le 28 juin 1998 à Tazmalt, en Kabylie. Depuis deux jours, des émeutes éclatent dans la région après l'assassinat du chanteur Lounès Matoub. Une centaine d'adolescents, parmi lesquels Hamza Ouali, un lycéen de 17 ans, se rassemblent près de la sous-préfecture de Tazmalt où stationnent quelques notables et des gendarmes. Soudain, Smaïl Mira, le maire de l'Assemblée populaire communale (APC, la mairie) arrive et saisit la kalachnikov d'un gendarme. Bruit de rafale. Hamza Ouali s'écroule. Des cris fusent: «Smaïl Mira, assassin.» Un gradé de la brigade locale supplie les gosses: «Vous savez qui a tué, la famille sait qui a tué et nous savons qui a tué. Mais revenez au calme» (Libération du 08/12/1998). Tout est dit. Smaïl Mira n'est pas seulement le maire redouté de Tazmalt et le fils du commandant Mira, héros impi