La déréglementation du rail britannique, décidée en 1992, a freiné
les ardeurs des tenants d'une dérégulation totale des chemins de fer européens. Si, au milieu des années 90, la Commission caressait l'idée d'ouvrir à la concurrence le transport des marchandises et, à terme, celui des passagers, elle adopte aujourd'hui un profil bas, consciente que la libéralisation n'est pas forcément la panacée, notamment en matière de sécurité. Les projets de Bruxelles ont été révisés à la baisse. Désormais, il n'est plus question que «d'ouverture graduelle et contrôlée» du seul fret ferroviaire et encore entre compagnies nationales , comme en sont convenus mardi les 15 ministres des Transports. Ce timide début de mise en concurrence est jugé indispensable pour enrayer le déclin du rail, face à la route, dans le transport des marchandises (14% aujourd'hui, contre 32% en 1970). En revanche, les cheminots européens restent fortement mobilisés pour la défense des monopoles d'Etat, comme l'a montré le succès de leur «eurogrève», fin 1998, en Belgique, Espagne, France, Grèce, Luxembourg" Aucun pays ne s'est de toute façon aventuré aussi loin que la Grande-Bretagne dans la voie de la privatisation. En Allemagne, la Deutsche Bahn a beau être devenue, en 1994, une société de droit privé, son capital reste à 100% public. La privatisation, qui n'est pas envisagée avant 2001, n'a que très modestement démarré au niveau des Länder, qui ont confié une douzaine de lignes locales à des exploitants priv