Dili envoyée spéciale
Sur la piste de l'aéroport de Dili, le père supérieur Andrew Lee Wong attend un avion qui arrive de Kupang, au-delà d'une frontière qui sépare en deux l'île de Timor, au-delà d'un trait de plume qui fait la différence entre la détention dans l'un des camps de la province indonésienne où s'entasseraient environ 200 000 personnes et le retour dans un pays dévasté mais enfin sauvé. Le père Andrew est trop loin, il ne peut voir les visages de ces 91 Timorais, surtout des femmes et des enfants, qui émergent de la carlingue et traversent la piste vers leur liberté. Camions de prisonniers. Il leur faut suivre cette route ouverte par des militaires australiens qui les fouillent un détecteur électronique pour les armes, un chien pour les explosifs , il leur faut affronter les objectifs des appareils photo et des caméras. Sous le regard des étrangers, les femmes sanglotent et les enfants s'affolent. Mais ils sont là. Une victoire des membres du Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU qui se sont battus pour arracher au gouvernement indonésien ce premier avion de prisonniers.
Déjà, à la sortie de l'aéroport, vendredi, les habitants de Dili attendaient. Aux deux camions militaires français qui ramènent des prisonniers, ils crient des paroles de victoire, qui s'envolent dans le sillage du convoi. A l'entrée de la ville, ils sont des dizaines à courir dans la poussière pour escorter ceux qui reviennent, des centaines à tendre les mains vers ceux qui rapportent