Genève, de notre correspondant.
L'affaire est à l'évidence délicate. Elle vise l'un des industriels les plus puissants de Russie, Lev Chernoï. Il est soupçonné d'avoir la mainmise, par le biais de pratiques criminelles, sur l'industrie de l'aluminium en Russie. C'est aussi un proche du milliardaire Boris Berezovski, dont deux sociétés font aussi l'objet d'une enquête pénale à Lausanne, suite à une demande d'entraide judiciaire du parquet de Russie. Boris Berezovski est soupçonné par la justice de son pays d'avoir détourné des fonds d'Aeroflot via ses sociétés lausannoises.
Vendredi dernier, Jürg Pulver, porte-parole de l'Office fédéral de la police suisse, déclarait qu'une procédure pénale pour blanchiment d'argent présumé et pour suspicion de liens avec les milieux criminels a été ouverte à Genève contre Lev Chernoï, qui contrôle la société Trans-World Group ayant un bureau à Genève.
Proches du Kremlin. Jürg Pulver précisait qu'il s'agissait d'«une affaire de grande envergure». Selon les médias russes, Lev Chernoï et ses deux frères sont proches du Kremlin. Ils auraient aussi aidé Berezovski à prendre une participation majoritaire cette année dans le journal Kommersant.
Interrogé par Libération, le procureur général du canton de Genève, Bernard Bertossa, a cependant déclaré hier qu'«il n'y avait aucune ouverture d'enquête récente contre Lev Chernoï». A l'Office fédéral de la police, on se borne à maintenir les affirmations de vendredi.
En l'état, cette discordance entre la just