L'armée pakistanaise vient à nouveau de sortir de ses casernes.
L'événement n'est pas vraiment une surprise, tant les relations s'étaient tendues ces derniers temps entre le Premier ministre Nawaz Sharif et l'état-major pakistanais. Sentant se préciser la menace d'un putsch, le Département d'Etat américain avait d'ailleurs lancé, il y a trois semaines, une mise en garde, indiquant qu'il s'opposerait par tous les moyens au renversement du gouvernement «par des méthodes extraconstitutionnelles». Pressions américaines. Une première bonne raison explique le mécontentement de l'armée: cédant à des pressions américaines, Nawaz Sharif avait ordonné en juillet le retrait des combattants propakistanais et des volontaires pakistanais de la partie sous contrôle indien du Cachemire. Hier, il avait franchi une étape supplémentaire en limogeant brutalement Pervez Musharraf, chef d'état-major de l'armée de terre et chef d'état-major interarmes, le faisant remplacer par le lieutenant-général Khawaja Ziauddin, jusqu'alors chef de la toute-puissante ISI (Inter-Service Intelligence, les services de renseignements militaires, «une armée dans l'armée», chargée notamment des dossiers du Cachemire et d'Afghanistan). Entre les deux hommes, les différends, notamment sur la question cachemirie, étaient patents et sans doute Nawaz Sharif craignait-il une réaction de l'armée puisque le limogeage de l'officier est intervenu pendant qu'il se trouvait en visite officielle au Sri Lanka.
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