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Libération

Gus Dur, le trublion de la présidentielle indonésienne. Parti dernier, le leader musulman modéré est favori.

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publié le 14 octobre 1999 à 1h11

Djakarta, envoyé spécial.

Les Indonésiens ont un dicton: il y a deux mystères au monde, Dieu et Gus Dur. L'irruption de l'imprévisible Gus Dur, de son vrai nom Abdurrahman Wahid, leader de la plus importante association musulmane du monde, le Nahdlatul Ulama, dans la course pour la présidence indonésienne du 20 octobre a brouillé la donne. Ce que tout le monde tenait pour quasi certain depuis les élections parlementaires de juin ­ l'accession à la tête du pays de Megawati Sukarnoputri dont le Parti démocratique Indonésien avait largement remporté le scrutin ­ est brutalement remis en question. «Gus Dur est une personnalité beaucoup plus acceptable par l'élite politique, plus encore qu'Habibie (le président actuel, ndlr) et même que Megawati. A mon avis, il a de grandes chances (de devenir président)», avance l'universitaire Azumardi Azra.

Roi de la volte-face. Gus Dur, 59 ans, ne s'en émeut pas pour autant. Au cours d'un entretien accordé à Libération dans son bureau sans luxe dans le quartier général du Nahdlatul Ulama, cet homme presque aveugle, curieux de tout et dont l'envergure intellectuelle impressionne, explique sa décision avec son habituel franc-parler. «J'aime Megawati en tant que personne. Elle est comme une soeur pour moi. Mais, en tant que politicien, je l'ignore; elle est un zéro pour moi"», confie-t-il en dégustant des mangues. Gus Dur est furieux de ce que Megawati ait laissé son entourage acheter des soutiens politiques pour l'empêcher de devenir président de