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Libération
Interview

«Le pouvoir de Sharif était celui d'un autocrate».

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L'expert Christophe Jaffrelot explique les raisons du putsch de l'armée pakistanaise.
publié le 14 octobre 1999 à 1h10
(mis à jour le 14 octobre 1999 à 1h10)

Christophe Jaffrelot, chercheur au CNRS et spécialiste du Pakistan (1), explique les raisons du coup d'Etat de l'armée pakistanaise.

A la différence des autres putschs, l'armée pakistanaise n'a pas décrété cette fois la loi martiale. Pourquoi?

C'est vrai, mais il faut attendre pour voir si elle ne va pas le faire. Elle peut agir, en effet, de façon graduée.

La population n'a pas réagi à la prise du pouvoir par l'armée. Est-ce par peur ou est-elle soulagée?

Pour beaucoup de Pakistanais, le retour de l'armée est vécu avec soulagement. Il faut prendre en compte cette réalité triste mais profonde. Cela s'explique par le fait que Nawaz Sharif n'a pas réussi à gérer les tensions entre communautés, voire il est lui-même à l'origine de ces tensions, et parce que sa gestion n'a fait qu'aggraver la crise économique, laquelle n'a jamais été aussi profonde. De plus, le pouvoir du Premier ministre renversé était celui d'un autocrate. Depuis six mois, on assistait à la fermeture des journaux, privés de papier ou inquiétés par le fisc.

Le Pakistan est sous dépendance du FMI

Oui, ce qui est vécu comme une humiliation nationale par la population. En effet, c'est le FMI qui fait les fins de mois du Pakistan. Islamabad est d'ailleurs en négociation avec l'institution financière depuis des semaines pour essayer d'obtenir une rallonge qu'elle tarde à lui accorder car elle n'a pas obtenu de garantie sur le bon usage des fonds qui seraient mis à la di