Francfort-sur-le-Main, envoyée spéciale.
Pour un retraité, Oskar Lafontaine remue encore beaucoup son pays. L'ancien ministre des Finances et président du Parti social-démocrate (SPD), démissionnaire de ses fonctions le 11 mars, a fait hier l'événement de la Foire du livre de Francfort où il présentait son ouvrage, Le coeur bat à gauche. Si la salle de presse n'avait pas été aussi bondée, on aurait pu se croire huit mois en arrière, quand Lafontaine bataillait avec les banques centrales pour remettre en ordre les finances du monde. Sept mois après son départ, Oskar Lafontaine, 56 ans, a repris son combat là où il l'avait laissé. Aux caméras venues recueillir ses piques contre Schröder, il inflige" un cours magistral d'économie. «Je fais trois propositions, commence-t-il: une régulation des flux de capitaux à court terme, plus de coopération des Européens au sein du FMI et une réplique concertée des banques centrales pour contrer les spéculations contre les monnaies.»
Au-delà du récit de ses querelles avec Schröder, Lafontaine a couché dans son livre plusieurs chapitres programmatiques, sur lesquels il veut désormais se concentrer: développer un «modèle social européen», fondement d'une «nation Europe», revaloriser la relation franco-allemande, créer une «ENA franco-allemande»" Pour l'essentiel, le livre se lit comme la complainte d'un homme amer, qui tape un peu sur tout: «la société médiatique», la solitude de l'homme moderne devant sa télé avec sa bière, «la déshumanisation