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Libération

L'ombre du Kremlin sur l'information en Russie. La presse au service de la propagande pour cause d'«opération antiterroriste» en Tchétchénie.

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publié le 15 octobre 1999 à 1h11

Moscou, de notre correspondant.

L'information en Russie va de l'arrière. Depuis la perestroïka et son foisonnement d'informations, depuis que l'on pensait que la Russie allait vers une information ouverte, plurielle et adulte, on n'avait jamais connu une telle régression. Traditionnellement, les guerres et les élections sont de bons facteurs pour faire le point en matière d'information. Or la Russie fait coup double avec, d'un côté, des élections prochaines (législatives en décembre, présidentielle six mois plus tard) et, de l'autre, la Tchétchénie. Campagne électorale et campagne du Caucase montrent que la Russie est loin d'être sortie du soviétisme.

Premier axiome: l'information est au service de la propagande, et, corollaire, l'information n'existe que si elle sert la propagande. C'est ainsi que, chaque dimanche soir, la Russie devient schizophrène sur le coup de 21 heures. Sur ORT, chaîne en partie gouvernementale contrôlée par le financier Boris Berezovski (à la tête d'un groupe de presse), on soutient aveuglément le Kremlin et le clan eltsinien. Pas la moindre critique en ce domaine. Le journaliste vedette, Sergueï Dorenko, n'a quasiment qu'un sujet: Youri Loujkov, le maire de Moscou, l'adversaire le plus dangereux pour le Kremlin. Chaque semaine, l'émission de Dorenko est une formidable machine de propagande antiloujkovienne.

A la même heure, sur la chaîne privée NTV, l'émission Itogui («bilan») n'est plus ce qu'elle était. Il subsiste encore des plages d'information, ma