L'homme, présenté comme l'un des lieutenants du parrain de Cosa
nostra, est traqué par les juridictions de sept pays européens. Il dispose de sept passeports ou titres de résident authentiques , qui lui permettent de naviguer entre la Suisse, l'Italie, la Belgique, la Colombie et quelques autres contrées. Il dispose d'une multitude de comptes bancaires, d'autant de cartes de crédit, et il est soupçonné d'escroqueries immobilières et de blanchiment d'argent. Mais il est impossible à stopper. Cet exemple, qui ne relève pas de la fiction, donne la mesure des défis à relever par l'Europe face à la criminalité organisée et à la délinquance financière de haut vol. La barrière des langues, les difficultés pour repérer le bon interlocuteur, la divergence des droits nationaux sont autant d'écueils pour les juges saisis de grosses affaires transnationales.
«Des barbares». Pour rester sur la seule scène européenne, l'un des obstacles rencontrés par les magistrats d'instruction est la Grande-Bretagne. «Le système judiciaire britannique est radicalement différent du nôtre. Ils nous regardent un peu comme des barbares, ne savent pas ce que c'est qu'un juge d'instruction. Lorsqu'on envoie une commission rogatoire internationale [CRI, pour une perquisition ou des informations sur un compte bancaire], on ne sait pas où elle va. Elle est d'abord envoyée au ministère de l'Intérieur, puis est dispatchée dans les mains des services de police. Mais, pour ne prendre que Londres comme exemple, vou