Washington, de notre correspondant.
«Le monde est devenu plus dangereux ce soir», a constaté, mercredi, Carl Levin, sénateur (démocrate) du Michigan. Le Sénat américain venait de rejeter sans appel le traité global d'interdiction des essais nucléaires (CTBT) par 51 voix contre 48 (il aurait fallu 67 voix pour le ratifier). «Ne vous y trompez pas, commente un diplomate européen à Washington. C'est un désastre. Pour Clinton, et pour l'ordre et la sécurité dans le monde.»
Le CTBT était perçu comme la clé de voûte de la stratégie de lutte contre la prolifération des armes nucléaires. Tous les experts à Washington étaient d'avis, hier, que le traité était désormais mort et enterré. Et que l'attitude des sénateurs républicains (qui ont tous voté pour le rejet, sauf quatre d'entre eux) a ôté toute crédibilité aux Etats-Unis pour se poser en champions de la non-prolifération. Elle a donné un feu vert aux pays en quête d'arsenal nucléaire, que le texte visait justement à mettre «hors la loi».
Camouflet aux alliés. Le vote est aussi le symptôme du regain des thèses «néo-isolationnistes» au sein du Parti républicain (lire Libération du 12 octobre). Les candidats conservateurs les plus en vue à la présidentielle, à commencer par George W. Bush, s'étaient prononcés contre le CTBT. Non seulement au prétexte qu'il serait «invérifiable», mais parce qu'il aurait empêché, à leurs yeux, les Etats-Unis de maintenir une supériorité militaire absolue par la modernisation et le développement de l