Les Tanzaniens appelaient Julius Nyerere «Mwalimu», «le Maître» en
langue kiswahili. Non pas dans le sens autoritaire qu'ont pratiqué la plupart de ses pairs africains, mais du maître d'école, son premier métier, celui qui résume largement la manière dont il concevait son rôle à la tête de la Tanzanie pendant les vingt-trois premières années de son indépendance (de 1962 à 1985). Julius Nyerere s'est éteint hier à Londres à l'âge de 77 ans des suites d'une leucémie, s'attirant un cortège de louanges d'Afrique et du monde, même si son bilan est contrasté.
Loin des palais. A l'heure de sa disparition, Julius Nyerere est auréolé d'une image de quasi-saint sur le continent, un vrai «sage» au regard de ces autres «pères de la nation» africains devenus, au fil des années, de véritables despotes ayant amassé des fortunes détournées. Nyerere vivait, ces dernières années, dans son village natal de Butiama, près du lac Victoria, dans une maison modeste entourée de champs. Loin des palais des capitales, dont il n'a jamais eu le goût et qu'il n'a jamais édifiés.
De fait, Nyerere a toujours cultivé la simplicité, qui figure au coeur de ce socialisme africain dont il s'était fait le chantre et le théoricien. «Ujamaa» était devenu, dans les années 60-70, le nom de code d'un socialisme qui, à l'inverse des expériences marxistes-léninistes tentées ailleurs, puisait ses racines dans le «communautarisme» africain, mais aussi dans le catholicisme auquel Nyerere, fils d'un chef traditionnel polygam