Madrid, de notre correspondant.
C'était lors d'un meeting électoral à Barcelone. Jordi Pujol, le tout-puissant président de la Generalitat le gouvernement autonome de Catalogne adresse une de ses célèbres harangues nationalistes devant quelques milliers de retraités. Au beau milieu du discours, un «commando» fait irruption pour distribuer des éventails à l'effigie de Pasqual Maragall, le candidat socialiste à la Generalitat. Le lendemain, dans la presse, des photos de retraités indolents s'éventant avec l'image du principal rival, provoqueront les foudres de l'entourage de Pujol. L'épisode est anecdotique, mais il illustre ce qui fait le «sel» des élections «autonomistes» de Catalogne dimanche: pour la première fois depuis son accession au pouvoir en 1980, Pujol, 69 ans, peut craindre d'être battu.
Jusqu'ici, le vieux leader nationaliste à l'exceptionnelle longévité, avait emporté haut la main cinq scrutins consécutifs. A chaque fois, son hégémonie paraissait renforcée. Cette fois, Pujol a du souci à se faire. Car, en face, l'adversaire est de taille: Pasqual Maragall, maire de Barcelone pendant quatorze ans, a lui aussi un profil de gagneur. La bonne gestion de la ville, l'organisation des Jeux olympiques, en 1992, et la montée en puissance de la capitale catalane parmi les grandes métropoles européennes jouent en faveur de ce social-libéral. Depuis l'annonce de sa candidature, le débat s'est donc polarisé autour des deux leaders.
D'un côté, le nationalisme conquérant,