L'histoire de Médecins sans frontières n'entre dans aucune case. Une aventure? Une épopée? La folle saga des French doctors? Allons donc, c'est beaucoup mieux que cela. C'est une famille comme on en rêve. Elle n'en finit pas de se révolter, de combattre, de poursuivre une idée. Mais aussi de faire des petits, de se chamailler, de discuter au point qu'en recevant, hier, le prix Nobel, certains de ses responsables ont fait la fine bouche, craignant de «s'institutionnaliser», alors qu'à l'autre bout de l'Europe, à Pristina, son fondateur, Bernard Kouchner, en avait, lui, les larmes aux yeux. Et il évoquait son père. MSF est inclassable, toujours en mouvement. Sur toute la planète, en attente du départ d'une équipe ou du retour d'une autre. Aperçu de cette saga unique en quelques dates.
Août 1968, le Biafra Médecins sans frontières est né" avant terme. Trois ans exactement avant la date officielle, qui fixe sa naissance en 1971. Car tout commence en 1968. L'année magique. Le mois de mai s'achève alors dans une atmosphère incertaine. Des étudiants en médecine, voire de tout jeunes médecins, lisent un appel du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) pour se rendre au Biafra. L'appel est placardé dans différentes facs de médecine parisienne. Dans ce pays d'Afrique centrale, c'est l'horreur au quotidien, terrible et sans images. La guerre des Ibos contre le gouvernement nigérian dure déjà depuis un an. Parmi ceux qui voient l'appel il y a Bernard Kouchner, ancien responsable de