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Libération

Ouganda, un modèle écorné. Human Rights Watch fustige le système «sans partis» instauré par Museveni.

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publié le 16 octobre 1999 à 1h12

Nairobi, de notre correspondant.

A y regarder de plus près, l'Ouganda de Yoweri Museveni, longtemps considéré comme le modèle d'une possible «renaissance africaine», s'avère une dictature tout juste un peu moins fruste que celle des «dinosaures» au pouvoir ailleurs sur le continent. Dans un rapport intitulé Hostile à la démocratie, l'ONG américaine Human Rights Watch fustige le système «sans partis» instauré par Museveni après sa prise de pouvoir, en 1986, dans l'ancien pays d'Idi Amin Dada et de Milton Obote. Une interrogation concernant bien d'autres pays africains que l'Ouganda, de l'Erythrée jusqu'en Afrique du Sud, sous-tend la critique d'un régime cité en exemple par les Etats-Unis, la Banque mondiale et le FMI: de combien de temps un pays sortant d'un cataclysme majeur a-t-il besoin pour que, une fois la paix civile rétablie, des partis politiques aux opinions différentes de celles du nouveau pouvoir y aient droit de cité?

Le rapport tient compte du passé traumatisant de l'Ouganda. «Après vingt ans de chaos, il s'agissait pour Museveni de garantir la stabilité revenue, le temps d'une "transition qui devait durer quatre ans, mais qui s'est prolongée jusqu'à aujourd'hui.» De fait, Museveni a constamment invoqué le «sectarisme» des partis politiques, leur caractère régionaliste ou ethnique, pour agiter l'épouvantail des dictatures meurtrières ayant plongé l'Ouganda dans les ténèbres. «Ce faisant, Museveni a justifié l'accaparement du pouvoir par son Mouvement national de