Tampere, envoyé spécial.
Les Quinze ont une capacité hors du commun à être d'accord sur tout à condition de ne pas quitter le domaine des généralités. Ainsi, hier, lors de la première journée du Conseil européen, les chefs d'Etat et de gouvernement ont affirmé avec une unanimité touchante qu'il était temps de mettre en place un espace judiciaire commun afin de garantir les droits et libertés des citoyens, de lutter contre la criminalité organisée en développant la coopération policière et judiciaire, ou encore d'adopter une politique commune d'asile et d'immigration. Il s'agit d'une «nécessité», a souligné Jacques Chirac, mais cela apportera aussi une «réponse à tous ceux qui estiment que l'Europe n'est pas suffisamment humaine» car trop centrée sur l'économie ou la monnaie. Il faut «une Europe qui s'enracine enfin dans le coeur des hommes», s'est risqué, lyrique, le président de la République" Mais les Quinze ne se sont pas risqués dans les détails forcément diaboliques et, surtout, ils n'ont pas abordé la méthode qui permettrait de réaliser cet espace unique. Or, la construction communautaire a suffisamment montré que la question des moyens est centrale: le marché unique, dont le projet remonte au traité de Rome de 1957, n'a pu être achevé qu'avec le «Livre blanc» de Jacques Delors, adopté en 1985. Celui-ci listait les quelque 300 directives et règlements européens nécessaires pour supprimer les frontières et prévoyait une date d'achèvement, 1993. Surtout, les Dix de l