Menu
Libération

La chronique des diasporas. Palestine sans frontières sur le webUn projet d'Internet vise à rassembler tous les réfugiés palestiniens du monde.

Article réservé aux abonnés
par Flore de PRENEUF
publié le 18 octobre 1999 à 1h14

Dheisheh (Cisjordanie), envoyée spéciale

Le mot «Palestine» défile sur les écrans de veille. L'Etat palestinien n'existe pas encore, mais à Dheisheh, un camp de réfugiés à la lisière de Bethléem, en Cisjordanie, on construit déjà une Palestine virtuelle. Pour 6 shekels de l'heure (9 F), les habitants de ce camp surpeuplé peuvent quitter les murs étroits du centre culturel et s'offrir un cybervoyage sans autorisation spéciale israélienne et sans humiliation. Le centre informatique de Dheisheh, avec ses 14 ordinateurs rutilants financés par le Canada et l'université palestinienne de Bir Zeit, est le premier maillon d'un projet Internet qui vise à rassembler tous les réfugiés palestiniens dispersés depuis la création d'Israël en 1948. Le projet est ambitieux: l'ONU recense 3,6 millions de réfugiés vivant en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et à Gaza. Après Dheisheh, les fondateurs du projet Across Borders (Sans frontières) envisagent de mettre en ligne le camp Khan Yunis, à Gaza, puis celui de Shatila, au Liban. Anciens voisins et parents éloignés peuvent déjà se retrouver par messages sur le premier site web du réseau Sans frontières. Le site se veut à la fois un lieu de mémoire, un lieu de rencontre et une place publique pour ces réfugiés dispersés. «Quand tu es incapable d'aller au bord de la mer ou au cinéma à Jérusalem, ton univers devient très limité», constate Muna Muhaisen, une journaliste de 39 ans vivant à Dheisheh, l'un des deux architectes palestiniens du