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Libération

La résistance des mères de soldats russesElles s'organisent pour éviter à leurs fils la Tchétchénie.

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publié le 18 octobre 1999 à 1h14

Obninsk envoyée spéciale

Le 16 septembre, Tania part à la caserne où son fils, Ivan, fait son service militaire. Ses deux beaux-frères l'accompagnent. Vers 14 h, ils pénètrent dans la caserne. Une heure plus tard, ils en ressortent avec Ivan. A 17 h, Ivan et sa mère sont à la maison. Deux jours plus tôt, Tania a appris que la division Tamanski de son fils devait partir pour Stavropol, au sud de la Russie. «On sait ce que ça veut dire: c'est le Caucase. Je ne voulais pas qu'il aille faire la guerre au Daguestan ou en Tchétchénie», explique Tania, femme de ménage dans une usine d'Obninsk, à une centaine de kilomètres de Moscou. «Qu'on liquide les bandits, d'accord. Mais il y a des spécialistes pour ça: les unités d'élite de l'armée. Pas mon fils, qui a tout juste un an de service.»

A son retour, Tania cache Ivan à la maison avec interdiction de sortir. A la télé, elle a entendu parler des Comités de mères de soldats. Elle se rend à leur siège moscovite. Le Comité lui donne la marche à suivre: écrire une lettre au procureur militaire, une autre au haut commandement en expliquant tout. Afin qu'Ivan ne soit pas considéré comme déserteur. Le 22 septembre, la mère et le fils se rendent au parquet militaire de Kalouga, chef-lieu de la région. Le procureur se montre compréhensif. Pour cette fois, ça passe, dit-il; mais si ça recommence, Ivan sera poursuivi pour désertion. Quand on le renvoie dans son unité, ses camarades sont partis pour Stavropol. Le 24, Tania va lui rendre visite.