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Libération

Bamout, haut lieu de la résistance tchétchène. A la frontière ingouche, les combattants empêchent les intrusions russes.

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publié le 19 octobre 1999 à 1h15

Bamout, envoyée spéciale.

C'est une route de campagne serpentant au milieu des champs. Une femme en fichu est assise dans l'herbe, une quinzaine de moutons autour d'elle. Un vieil homme passe, sa carriole à cheval remplie de foin derrière lui. Ni l'un ni l'autre ne semblent gênés par les grondements qui retentissent à un rythme rapproché, comme grandis par l'écho des montagnes. Des salves intenses, puis plus rien. Les oiseaux se remettent à chanter. Et cela recommence.

Village fantôme. Sur le bas-côté, un panneau rouillé indique l'entrée de «Bamout forteresse immortelle». Il a été érigé en souvenir des dix-huit mois de résistance des combattants de cette localité de l'ouest de la Tchétchénie, pratiquement à la frontière avec l'Ingouchie, aux soldats russes pendant la première guerre russo-tchétchène (1994-1996). Aujourd'hui, Bamout est un village fantôme, abandonné par ses habitants depuis déjà cinq ans. Avec le nouvel assaut russe contre la république tchétchène, cet ancien bourg de 800 âmes est à nouveau la cible des «fédéraux».

Riposte. Depuis le début de l'«action antiterroriste», l'artillerie russe pilonne les lieux toutes les nuits. Les cratères formés par les impacts de missiles et les roquettes dans les champs sont innombrables. Côté tchétchène, quelque 200 hommes campent sur les lieux nuit et jour, sous le commandement d'Aslanbek, 30 ans, ancien sergent de l'armée russe. Ils veillent à ce que les «fédéraux» ne franchissent pas la frontière. Et s'ils s'enhardissent à l