Amman, envoyé spécial.
Ce qu'un roi donne, il peut le reprendre. Khaled Masha'al, un leader islamiste palestinien, doit la vie sauve à Hussein de Jordanie. Emprisonné sur ordre de son fils, Abdallah II, il encourt la peine capitale et observe depuis samedi une grève de la faim. Des agents du Mossad l'avaient empoisonné en 1997. Si le souverain n'avait pas obtenu d'Israël l'antidote en échange de la libération d'espions, il serait mort en quelques heures. Deux ans plus tard, le même homme s'apprête à être jugé pour détention illégale d'armes, fraude, détournement de fonds, atteinte à la sûreté de l'Etat et appartenance à une organisation clandestine.
Ce revers du destin témoigne de la volte-face du royaume hachémite à l'égard du principal mouvement islamiste palestinien. Depuis le 30 août, le Hamas, qui bénéficiait jusque-là de la tolérance sinon de la protection du Palais, est interdit. Ses dirigeants qui avaient trouvé refuge en territoire jordanien croupissent derrière les barreaux ou connaissent à nouveau l'exil. Ses bureaux disséminés à travers la capitale ont été mis sous scellés. «Ils resteront fermés», a prévenu, mercredi 6 octobre, le roi Abdallah, juste avant d'entamer une visite aux Etats-Unis.
Affaire politique. Pour justifier leur changement d'attitude, les autorités accusent le Hamas d'avoir créé des camps d'entraînement et stocké des explosifs. Des responsables reconnaissent en privé que les motifs ne sont pas strictement «sécuritaires». «Il y a, bien sûr, des ra