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Portrait

Habibie, coupé des réalités du pays. Le «fils spirituel» de Suharto passe la main.

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publié le 20 octobre 1999 à 0h58

Le moment fut pathétique. Lundi, à la tribune de l'Assemblée

consultative, le petit homme agité qui psalmodiait son discours d'une voix perçante était devenu touchant. Jusuf Habibie, le président indonésien, paraissait transformé: «En toute humilité, j'appelle votre pardon pour tous mes défauts et mon incapacité à atteindre la perfection», a-t-il déclaré aux 700 membres de l'Assemblée qui doivent désigner, mercredi, le nouveau chef de l'Etat.

Mais cet accès de modestie ne doit pas tromper; à 62 ans, Habibie, le «fils spirituel» de l'ex-président Suharto, a fini par comprendre qu'il devait renoncer à briguer sa succession.

Cet ingénieur aéronautique de formation a passé vingt-quatre ans en Allemagne, d'abord comme professeur d'université puis comme chercheur pour Messerschmitt. Bourré de tics et fasciné par la technologie, il tient un peu du savant Cosinus: original, étrange et sympathique. Ce qui ne fait pas sourire la grande majorité des Indonésiens. «Il sait certainement comment concevoir des hublots d'avion, mais il ne sait pas comment diriger un peuple. Il a un total manque de respect pour les souhaits de la population», assène le commentateur politique Wimar Witoelar.

Placé à la tête du pays par Suharto, Jusuf Habibie reste, pour les Indonésiens, un homme de l'ancien régime. Le scandale de la banque Bali, dans le cadre duquel 80 millions de dollars ont été siphonnés par certains dirigeants du Golkar, le parti de Habibie, a achevé de ternir sa réputation. Les sommes considér