On lui reproche sa distance, son arrogance, sa passivité et presque
un certain désintérêt pour la politique. Douze ans après s'être engagée dans les rangs du Parti démocratique indonésien et cinq ans après en avoir pris la tête, Megawati Sukarnoputri, 52 ans, fille du premier président indonésien Sukarno, pâtit toujours de son image de femme au foyer entrée tardivement en politique. «Les gens éduqués se rendent compte que si elle ne dit rien, ce n'est pas par sagesse, mais vraiment parce qu'elle n'a rien à dire», ironise un diplomate.
Et pourtant, le parcours de Megawati depuis la chute du général-président Suharto, en mai 1998, n'est pas si lamentable. Elle a remporté un tiers des voix lors du scrutin parlementaire de juin dernier, loin devant la machine bien huilée du Golkar, le parti progouvernemental qui soutient l'actuel président, Jusuf Habibie. «Jusqu'à présent, toutes ses décisions politiques ont été correctes et justifiées. Même sans parler, elle est arrivée jusque-là», reconnaît le commentateur politique Wimar Witoelar.
L'impressionnante popularité de «Mega» auprès du petit peuple n'en comporte pas moins des dangers. A observer ses meetings électoraux, il est évident qu'elle joue habilement de cette aura, d'une manière quasi théâtrale. Chaussée, comme son père, de lunettes de soleil, elle reprend les poses fixées par Sukarno dans l'imaginaire des Indonésiens. Isolée des contacts avec les médias par ses conseillers, elle se comporte souvent selon le stéréotype du «sult