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Menem, l'automne du démagogue. Le Président laisse un pays modernisé, miné par la récession et les inégalités.

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publié le 21 octobre 1999 à 1h17

Buenos Aires, envoyé spécial.

Il y aura donc un après-Menem. A 69 ans, dont dix passés au pouvoir, le président argentin s'est résigné, la mort dans l'âme, au compte à rebours qui borde le terme de son mandat. Dimanche, les électeurs choisiront le successeur à qui, le 10 décembre, il lui faudra céder son fauteuil. Les Argentins assistent avec un mélange d'indifférence, d'incrédulité et de soulagement au crépuscule politique de l'homme qui monopolise encore toute la scène. D'ailleurs, il mord encore: Menem a snobé, samedi, l'ultime meeting organisé dans la capitale par le candidat de son propre parti. C'était la dernière des peaux de banane qu'il glisse depuis des mois sous les pieds d'Eduardo Duhalde, gouverneur provincial de Buenos Aires, l'impudent prétendant au fauteuil encore chaud.

Rarement chef d'Etat aura, en une décennie, aussi radicalement transformé son pays que cet obscur et extravagant gouverneur provincial. Carlos Menem avait forcé les portes du palais national, la Casa Rosada, en godillant avec démagogie sur la faillite d'abord engendrée par la dictature militaire (1976-1983) puis creusée par le premier gouvernement civil issu de la débâcle des Malouines (1982). A peine élu, il a jeté au rancart les recettes paternalistes de Juan Peron ­ sans cesser d'invoquer les mânes du légendaire caudillo ­ pour plonger le pays dans le bain de l'économie globalisée.

A l'heure du bilan, les sondages sont unanimes. Dimanche verra le triomphe du candidat de l'Alliance, coalition