Caucase du Nord, envoyé spécial.
Excédés de voire les Tchétchènes organiser ou autoriser des voyages de journalistes occidentaux, fomentant ainsi une «campagne de propagande protchétchène», les autorités russes ont réagi en organisant un voyage de presse qui devait s'achever par une causerie avec le Premier ministre Vladimir Poutine dans un dortoir des forces armées russes basées à Mozdok, en Ossétie du Nord. Un voyage sur des lieux où la presse étrangère n'avait jusqu'alors pas le droit de mettre les pieds officiellement: les villages «libérés» du Daguestan et de Tchétchénie, les abords de la rivière Terek, près de la ligne de front, côté russe.
La meute fut accueillie à la descente du Tupolev spécial par les autorités de Makhatchkala, capitale du Daguestan, et le ministre de l'Information du gouvernement Poutine, Mikhaïl Lessine. Le général Guennadi Trochev, chef des troupes déployées au Daguestan, fut le guide volubile de cet étrange voyage au coeur du problème: information ou désinformation?
Fiction. Au gré des tarmacs, il raconta ses souvenirs d'ancien combattant de la première guerre en Tchétchénie, ses négociations d'alors avec un Maskhadov qu'il se refuse désormais à appeler «président». Insistant sur le fait qu'à la suite des exactions des wahhabites et des enlèvements d'otage, «la sympathie pour le peuple tchétchène n'existe plus», et que c'est là «une différence notoire avec le premier conflit de 1994-1996». La suite allait prouver que la réalité contrarie la fictio