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A Mendoza, le miracle est dans le vin. Oasis sociale, la ville tire sa prospérité du marché viticole.

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publié le 23 octobre 1999 à 1h18

Mendoza, envoyé spécial.

Les habitants de la province l'appellent «la terre du soleil et du bon vin». A 1 000 km de Buenos Aires, l'interminable pampa s'assèche, vers l'ouest, en un plateau aride que borde la muraille enneigée des Andes. Dans ce désert de pierres, de sable et de grossière argile, l'homme a domestiqué la nappe d'eau prisonnière du sous-sol et piégé, avec force barrages, les neiges fondues du printemps austral. Un ingénieux réseau de canaux, de tranchées et de vannes assure l'irrigation des cultures et abreuve les milliers d'arbres qui préservent la ville de la canicule. Mendoza, 700 000 habitants, est une oasis, la sentinelle verte de l'Argentine face à la Cordillère.

Esprit d'indépendance. C'est ici que San Martin, le «libertador», recruta son armée en 1814 pour bouter l'Espagnol hors du Chili voisin. Une ville qui s'affranchit ainsi tant des contraintes de la nature que de la férule coloniale ne peut que cultiver l'esprit d'indépendance. Depuis toujours, Mendoza mène effectivement sa barque sans trop se préoccuper de la lointaine capitale. Alors que le pays s'enfonce dans la récession et la déprime, la crise a relativement épargné la cité. Le chômage ne dépasse pas 8% (plus de 15% en moyenne nationale). Le commerce semble prospère, et le chaland n'est pas harcelé par les solliciteurs en tout genre que la misère a jetés sur les trottoirs de Buenos-Aires. On prend le temps de vivre: boutiques et bureaux ferment pendant la «siesta», de 13 heures à 16h30. Puis,