Menu
Libération
Analyse

Le tyran parano d'un pays prospère.

Article réservé aux abonnés
Corruption et répression ont vite balayé l'espoir de changement.
publié le 23 octobre 1999 à 1h18
(mis à jour le 23 octobre 1999 à 1h18)

Comment comprendre qu'un régime harcèle et martyrise tous ceux qui osent réclamer, pacifiquement, le respect des libertés publiques alors qu'il bénéficie du soutien tacite d'une bonne partie de la population et qu'aucune opposition ne le menace? C'est le triste paradoxe de la Tunisie de Zine el Abidine Ben Ali qui, après douze ans de pouvoir, brigue, dimanche, un nouveau mandat. Car la «démocratie pluraliste» que le policier/ex-Premier ministre met sans cesse en avant, ressemble à s'y méprendre à une dictature ubuesque et cruelle" qui rappelle les dérives autocratiques des dernières années du règne de Habib Bourguiba. La paranoïa sécuritaire de Zine Ben Ali aura vite balayé les espoirs de changement mis dans le successeur du «père de l'indépendance» et érigé un Etat policier aux méthodes brutales et grotesques dans un pays prospère et où la douceur de vivre ne relève pas du seul stéréotype. Propriétaires. Rien ne justifiait en effet que la paisible Tunisie, qui avance sur la voie du libéralisme économique et affiche des taux de croissance de 5% en moyenne, devienne un pays où des couches non négligeables de la population vivent désormais dans la peur. La misère y frappe en effet moins cruellement que chez les voisins maghrébins. 80% des Tunisiens sont propriétaires de leur logement et diverses mesures de compensation au profit des catégories les plus défavorisées permettent d'assurer la stabilité sociale en dépit d'un chômage préoccupant (15,6% selon un taux officiel, 19% s