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Libération

A Hébron, les Palestiniens se déchaînent contre leur maire.Après un grave incendie, ils dénoncent l'incurie des autorités.

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publié le 25 octobre 1999 à 1h20

Hébron envoyé spécial

Une atmosphère de panique règne à l'intérieur de la mairie. «Eloignez-vous des fenêtres!» hurle un responsable municipal. Des dizaines de policiers courent dans tous les sens. Des agents en civil prennent position sur le toit avec leurs kalachnikovs. Le maire, Moustafa Natché, est barricadé dans son bureau. L'un de ses employés dépose un extincteur près de sa porte, au cas où les manifestants jetteraient un cocktail Molotov.

Dans la rue, près de 400 étudiants réclament sa tête à grands cris. Ils agitent des drapeaux noirs et portent à bout de bras un faux cercueil en mémoire des quatorze ouvrières mortes jeudi dans l'incendie d'une fabrique de briquets. Depuis le drame, Hébron est en ébullition. Le patron utilisait des substances dangereuses ­ du gaz liquide ­ sans permis et sans contrôle. Mais, selon la mairie palestinienne, il stockait des légumes dans une chambre froide. Son atelier ne possédait pas de sortie de secours ni de moyens de lutte contre le feu. Il faisait même fermer les portes d'entrée afin de ne pas attirer l'attention des autorités sur son entreprise clandestine. Les victimes ont été prises au piège à l'intérieur. Les sauveteurs ne sont parvenus à maîtriser le sinistre qu'avec l'aide des pompiers de la colonie voisine de Kyriat Arba.

«Incurie» municipale. L'accident cristallise les rancoeurs des habitants d'une ville encore partiellement occupée par Israël. Par à-coups, Hébron se soulève contre les colons et les soldats qui les protègent