Buenos Aires, envoyé spécial.
Une victoire massive, sans bavure et pourtant amère. Fernando de la Rua, 62 ans, candidat de l'Alliance (opposition de gauche), a été élu président de la république d'Argentine au premier tour de scrutin, infligeant au parti Justicialiste (péroniste) au pouvoir le plus sévère revers de son histoire. Mais l'Alliance a perdu l'autre grande bataille de ce dimanche, échouant à conquérir le poste de gouverneur de la province de Buenos Aires, la plus peuplée du pays. Cette déconvenue donne la mesure des difficultés qui guettent de la Rua, la plupart des centres de pouvoir restant aux mains de ses adversaires.
A défaut de passer finalement la barre symbolique des 50%, Fernando de la Rua n'en a pas moins rempli les deux conditions pour être élu dès le premier tour: avec 48,5% des suffrages, il a franchi le seuil constitutionnel des 45% et il a distancé de plus de dix points son rival immédiat, Eduardo Duhalde (37,9%). Ce score et cette marge lui ouvrent un capital politique personnel qui lui sera précieux pour asseoir son autorité.
Sa marge de manoeuvre s'annonce en effet très relative, dans la mesure où l'appareil péroniste conserve le contrôle du Sénat et les deux tiers des gouvernements provinciaux. A la Chambre des députés, l'Alliance, malgré la conquête de 16 sièges, ne disposera que d'une majorité relative et devra composer avec les élus d'Action pour la République, le parti du «troisième homme» de la compétition présidentielle, Domingo Cavallo, anci