Tarqumiya (Cisjordanie), envoyé spécial.
Ils se tapent sur l'épaule. Ils rigolent l'un et l'autre de leur folle équipée. Assis à l'arrière du bus, ils viennent de franchir le dernier barrage militaire. Ils sont enfin en Cisjordanie, une région qu'ils découvrent l'un et l'autre pour la première fois. Toutes leurs affaires tiennent dans un sac plastique noir posé à leurs pieds. Ils ignorent quand ils retourneront à Gaza. «Nous ne savons même pas où nous coucherons ce soir. Vous connaissez un hôtel à Hébron?» demandent-ils à un autochtone. Pour ces garçons l'aventure commence après toute une vie passée dans un espace clos et surpeuplé. Ils ne cachent pas le but de leur voyage: «On veut trouver du travail! Chez nous, il n'y en a pas.»
Temps limite. Ils sont près d'une centaine à se glisser par cette porte entrouverte. Ils inaugurent le premier «passage protégé», avec un mois de retard sur le calendrier établi par Ehud Barak et Yasser Arafat. Il aura fallu en réalité cinq ans et quatre accords de paix pour ouvrir cet axe de circulation qui doit permettre aux Palestiniens d'aller et venir un peu plus librement entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. En fait de corridor, il s'agit de la route habituelle qui relie le littoral à Hébron. Les passagers n'ont pas remarqué de présence policière particulière le long du trajet. Ils disposent seulement d'un temps limite une heure trente pour parcourir les 43 km à l'intérieur d'Israël, avec interdiction de s'arrêter, sauf en cas d'urgenc