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Libération
Interview

Jean-Yves Camus analyse la vague extrémiste en Suisse et en Autriche: «C'est la montée d'un populisme alpin».

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publié le 26 octobre 1999 à 1h21

A uteur d'un livre sur les extrémismes européens (1), le politologue

Jean-Yves Camus s'exprime sur les récents succès électoraux d'une droite extrême en Europe.

Peut-on apparenter les succès électoraux de la droite populiste en Suisse et, début octobre, en Autriche?

En regardant une carte de l'Europe, on constate empiriquement qu'il existe une grosse tache dans les régions alpines où se développe un phénomène spécifique. Il ne s'agit pas d'une extrême droite mais d'une droite populiste ultralibérale. Ce populisme alpin n'est pas limité à ces deux pays. Il y a eu déjà la Lega, au nord de l'Italie, et la poussée gagne peu à peu l'Allemagne, près de la Suisse alémanique, et même la France, quoique marginalement, avec la Ligue savoisienne.

Quels points communs entre l'UDC de Blocher, en Suisse, le FPÖ de Haider, en Autriche, ou la Lega, en Italie?

Leur première dimension commune est la xénophobie, c'est-à-dire la désignation des travailleurs étrangers et des demandeurs d'asile comme boucs émissaires d'une situation économique qui est encore satisfaisante, mais beaucoup moins bonne, notamment pour l'emploi, qu'il y a quelques années. La Suisse a 5% de chômage, ce qui est une nouveauté. En Autriche, Haider a prospéré avec les programmes d'austérité mis en place par la coalition au pouvoir. Leur deuxième dimension commune est la protestation antisystème. Les partis au pouvoir sont en crise de légitimité, devenus des machines politiques uniquement clientélistes que rien ne sépare plus su