Genève, de notre correspondant.
Christoph Blocher, le leader de la droite dure de l'Union démocratique du centre (UDC), n'est jamais en panne de symbole. C'est par un geste antifrançais et antieuropéen qu'il a fêté son triomphe électoral. Il a bu un verre de vin blanc de la commune de Champagne-en-Valais. Celle-ci avait été récemment contrainte de renoncer à étiqueter ses bouteilles du nom de la commune, sous la pression française.
L'opinion publique et les médias sont toujours sous le choc de la progression de l'UDC, devenue le premier parti de Suisse depuis les législatives de dimanche. Les journaux recourent aux métaphores géologiques pour décrire cette progression, évoquant le «séisme» électoral, le «tremblement de terre», le «raz-de-marée» ou encore «la déferlante du parti du tribun zurichois»" Une partie de la classe politique ne cache pas son inquiétude devant le glissement, très marqué à droite, de près d'un Suisse sur quatre (23%). A la télévision suisse, la présidente de la Confédération, Ruth Dreifuss, s'est inquiétée de cette montée et a rappelé qu'Hitler avait été porté au pouvoir par les électeurs: «Il faut veiller à ne pas laisser utiliser la démocratie par ses adversaires.» Le fait est là: il y a aujourd'hui en Suisse une fracture entre la société civile et le gouvernement qui peut déboucher sur une crise de légitimité. Pour Peter Bodenmann, ex-leader socialiste, «la Suisse s'achemine vers une crise gouvernementale bien plus vite qu'on le pensait», estimant qu