«Sur l'allée fleurie, aucun visiteur n'a encore marché/ Pour vous,
le premier, s'ouvre la porte d'osier.» Jacques Chirac persiste et signe. Et, citation du poète chinois Du Fu à l'appui, il a revendiqué hier soir l'honneur et le privilège d'avoir accueilli le président Jiang Zemin dans son château corrézien, malgré les critiques que lui a values cette intimité avec le chef d'un Etat encore loin de respecter les droits de l'homme. «Ce moment privilégié nous a permis de mener en toute liberté les échanges approfondis dont nos deux pays ont besoin», a souligné le président français lors du dîner d'Etat en l'honneur du visiteur chinois.
Mais qu'a donc retiré Jacques Chirac de ses dix heures d'entretiens avec Jiang Zemin? «Convergences» sur une vision commune d'un monde «multipolaire» au XXIe siècle, c'est-à-dire non soumis à l'hégémonie américaine; «divergences» persistantes sur les «valeurs humanistes». Sur ce dernier point, le résultat est en apparence des plus décevants: Jiang Zemin n'a pas bougé d'un pouce dans l'expression publique de la position chinoise sur les droits de l'homme et la démocratie. Jacques Chirac n'a visiblement pas réussi à lui soutirer la moindre concession qui aurait justifié cette visite aux yeux d'une opinion publique incrédule, sinon choquée par le tapis rouge déroulé au chef de la dernière puissance communiste du monde. Pas même l'engagement à ratifier les deux pactes des Nations unies sur les droits civiques et économiques et sociaux, dont la signatu