Rendu presque aveugle par la maladie, le nouveau président
indonésien Abdurrahman Wahid a pris la liste et l'a tendue à Megawati Sukarnoputri, numéro 2 de l'Etat. C'est elle, opposante hier encore, qui a donc lu en direct à la télévision indonésienne la liste des 35 nouveaux ministres. «Pour la première fois», la plupart des grandes formations politiques sont représentées et le Golkar, parti jusque-là au pouvoir, a perdu le monopole des portefeuilles. «Pour la première fois», les ministres nommés ne sont pas issus du sérail politique traditionnel. «Pour la première fois», un civil, Juwono Sudarsono, est nommé à la tête du ministère de la Défense. «Pour la première fois», l'administration comptera si peu de généraux aux postes clés. «Pour la première fois», aucun ministre ou presque n'est impliqué dans un de ces scandales retentissants qui valent à l'Indonésie la 96e place (sur 99) parmi les pays les plus corrompus du monde, selon le classement de l'organisation Transparency International rendu public hier.
C'est ce gouvernement des «première fois» qui devra affronter à la fois la crise économique et la crise politique, tout en endiguant les vagues de violence qui ont fait des milliers de morts au cours des deux dernières années. Djakarta a, de plus, été considérablement fragilisée par la dévastation du Timor oriental alors que le pouvoir central avait exigé d'être responsable du maintien de l'ordre et de la sécurité. Accusées d'atteintes aux droits de l'homme et de complicit