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Portrait

«Le fils qui rit du prophète». Aimé pour sa modestie, Khatami a déçu une partie de son camp.

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publié le 27 octobre 1999 à 1h22

Il y a une énigme à Téhéran qu'il est assez difficile d'élucider.

Dans un pays qui pratique largement le culte de la personnalité, pourquoi les portraits de Mohammed Khatami sont-ils si rares, aussi bien dans les administrations que dans les échoppes? Pourtant, il y a toujours une «vogue Khatami», perceptible notamment chez les collégiens, dont beaucoup ont encore sa photo dans leur chambre ou dans leur portefeuille. Il y a même une mode Khatami qui, pour les jeunes, peut consister à porter au doigt une firouzeh, une turquoise identique à celle que porte le Président. Alors, pourquoi le portrait de l'imam Ali, premier imam du chiisme, celui de l'ayatollah Khomeiny, toujours omniprésent, celui de l'ayatollah Ali Khamenei, son successeur comme Guide de la République islamique, celui encore de l'ex-président Hachémi Rafsandjani et pas celui du Président en exercice? Pour les administrations, le ministre de la Culture et de l'Orientation islamique, Attaolah Moadjerani, avançait le mois dernier une explication. «C'est le Président lui-même qui a demandé qu'il n'y en ait pas. Il les a même interdits. Il n'y en a même pas dans les bureaux des ministres, ni dans la salle du Conseil.» L'argument coïncide bien avec la réputation de modestie attachée à Khatami. Mais dans la rue, dans les magasins, au bazar, pourquoi l'absence de portraits du Président? Ou plutôt, pourquoi ont-ils disparu progressivement puisque, après l'élection présidentielle triomphale de mai 1997, la capitale iranie