Au premier jour de la visite du président iranien en France,
l'aspect sécuritaire du voyage l'a très nettement emporté sur l'aspect diplomatique. Tout est venu de Jean-Pierre Chevènement qui, en assurant qu'il existait des menaces sérieuses et précises contre la sécurité de Mohammed Khatami et en lançant ses policiers d'élite contre les quartiers généraux d'opposants iraniens à Paris et dans le Val-d'Oise, a fait passer la rencontre de Khatami avec Jacques Chirac au second plan. Première conséquence des déclarations à l'emporte-pièce du ministre de l'Intérieur: le président iranien, craignant des problèmes de sécurité, a annulé le discours qu'il devait tenir aujourd'hui à l'Unesco où il aurait probablement développé le thème qui lui est cher du «dialogue entre civilisations». Officiellement, aucune raison n'a été donné pour justifier cette annulation. De son côté, Chevènement a justifié son zèle par les «manifestations violentes» qui se seraient déroulées à Lyon lors du match de la Coupe du monde de football, l'an dernier, entre les Etats-Unis et l'Iran. Argument curieux, puisque, à part un drapeau iranien brûlé et quelques interpellations, il n'y avait pas eu un seul incident digne d'être mentionné. «Quant aux perquisitions d'hier dans les permanences des Moudjahidin du peuple (le principal mouvement d'opposition armée iranien, ndlr), on savait évidemment que la police n'avait pas la moindre chance de découvrir une arme», souligne un spécialiste de la politique iranienne.