Montevideo, envoyé spécial.
Argentine, Chili, Uruguay: la gauche latino-américaine va-t-elle réussir un brelan présidentiel dans les trois pays du cône sud? Fernando de la Rúa a montré la voie dimanche dernier en se faisant élire dès le premier tour en Argentine. Au Chili, les sondages promettent le même destin au socialiste Ricardo Lagos, le 12 décembre. En Uruguay, Tabaré Vázquez paraît assuré d'emporter au moins le premier tour, dimanche.
Rivalité historique. La seconde manche, prévue le 28 novembre, sera une autre affaire. A la tête d'Encuentro Progresista, une coalition qui réunit d'anciens guérilleros du mouvement Tupamaros et des démocrates chrétiens, Tabaré, comme on l'appelle ici, va provoquer la réconciliation contre lui des deux clans conservateurs qui, hormis les périodes de dictature, monopolisent le pouvoir depuis 1830. Face au «péril communiste», les «rouges» du parti Colorado et les «blancs» du Parti national surmonteront leur historique rivalité pour tenter d'interdire à l'«intrus» les portes du palais présidentiel.
«Nous avons deux passions en Uruguay, le football et la politique. Les partis fonctionnent en fait comme des clubs de supporters. A l'approche des grands matchs, il y a toujours un peu d'électricité dans l'air. Mais cette fois, ça peut dégénérer, car il y a une nouvelle équipe sur le terrain.» Kiosquier sur la place Matriz, juste en face de la maison natale de Lautréamont, Carlos Craxi mesure aux ventes de journaux la montée de la pression. La compé