Le président iranien Mohammed Khatami n'a pas hésité, vendredi, à
convoquer Montesquieu à sa conférence de presse. Non seulement il a fait référence nommément au philosophe du siècle des Lumières, mais il a indiqué que l'Iran lui était redevable de la séparation des pouvoirs comme l'une des conditions premières de la démocratie. Dans la bouche de ses prédécesseurs à la tête de la république islamique d'Iran, une telle citation était tout simplement inimaginable. Il y a donc bel et bien un long chemin parcouru au sein du régime. Mais la référence à l'auteur de l'Esprit des lois n'en demeure pas moins ambiguë. Le président iranien et dignitaire religieux a en effet cité Montesquieu pour évoquer l'indépendance de la justice iranienne, notamment en relation avec la situation des treize juifs iraniens accusés d'«espionnage au profit d'Israël» et passibles de la peine de mort. C'est là où le bât blesse, Mohammed Khatami sachant mieux que personne que la justice iranienne est largement une justice d'exception, entre les mains de la faction conservatrice et des services secrets qui s'en servent pour imposer leurs idées et régler leurs comptes avec les réformistes. «Avec justice». Le président iranien a cependant assuré que les treize juifs seraient jugés «avec justice»: «Soyez sûr que le jugement sera équitable. Ce sont tous des citoyens iraniens, et lorsqu'un citoyen iranien est accusé de quelque chose, il doit être jugé.» Il a ensuite estimé que la durée même de la préparation