Moscou de notre correspondant
C'était il y a vingt-cinq ans en pleine Union soviétique, dans l'appartement d'Andreï Sakharov. Ce dernier et Sergueï Kovalev organisaient quelque chose d'incroyable: la première conférence de presse annonçant que le 30 octobre serait désormais le «jour des détenus politiques en URSS». Le choix du jour une semaine avant la célébration de la révolution d'Octobre et l'intitulé avaient fait l'objet de bien des discussions parmi les intéressés. Pour ce jour J, des documents venant des détenus avaient été acheminés par des voies astucieuses, allant des estomacs aux reliures de livre. Ils furent remis, ce 30 octobre 1974, aux correspondants étrangers. Parallèlement, dans les camps de Mordovie, de Perm et à la prison de Vladimir, des détenus politiques entamèrent une grève de la faim.
Chaîne humaine. Chaque année, cela recommença: conférence de presse et grève de la faim. Quand, libéré, il trouva refuge en Allemagne, Kronid Lioubarski, l'un des principaux initiateurs de ce mouvement, publia ce jour-là et plusieurs années de suite la liste des détenus politiques en URSS. En 1981, on compta plus de 300 grévistes de la faim. A partir de 1987 commencèrent des manifestations. A Moscou, une chaîne humaine fit le tour de l'édificice du KGB, place de la Loubianka. Le 30 octobre 1990, on apporta au bord de cette place une pierre des îles Solovki. L'année suivante, sous la pression de l'histoire, le Soviet suprême inscrivit le 30 octobre dans le calendrier d