Frontière Ingouchie-Tchétchénie, envoyée spéciale.
Ils sont venus par centaines malgré la neige, en majorité des femmes en fichus et collants de laine sous leurs jupes longues, espérant l'ouverture de la frontière. Dès l'aube, hier matin, la foule s'amassait en rangs serrés sur l'étroite route reliant Nazran, la capitale de l'Ingouchie, à Grozny, en Tchétchénie. Mais la journée passa en une vaine attente émaillée de furtifs espoirs vite déçus. Alors que, depuis le 29 octobre, la rumeur enflait qu'un corridor serait incessamment ouvert entre 8 heures et 17 heures, afin que les mouvements de population puissent s'effectuer librement dans les deux sens, les autorités russes n'ont pas tenu leur promesse. Compte-gouttes. Hier, les soldats fédéraux postés à la frontière de Kavkaz, principal point de passage en Ingouchie, n'ont laissé passer qu'une poignée de personnes au compte-gouttes. La route goudronnée, toute droite au milieu des champs est noire de monde, venu pour la plupart à pied. Quelques vieux autobus bondés, arborant des drapeaux blancs déchirés sur leur capot, tentent de se frayer un passage. En vain. Les «fédéraux» sont là, arme en bandoulière, à tenter de mettre de l'ordre dans la foule vindicative et compacte. «J'ai laissé mon mari malade à Vedeno (sud-est de Grozny, ndlr) pour venir chercher ici en Ingouchie un appartement», explique Rouzana, 35 ans. «J'attends sur la route depuis trois jours, mais c'est comme d'habitude, rien que des mensonges. Ils nous ont bien e