Moscou, de notre correspondant.

Sur les chaînes de la télévision russe, la seule émission pertinente sur la guerre en Tchétchénie s'appelle «Koukli». Autrement dit: «Marionnettes». Une émission hebdomadaire hautement satirique. La fabrication et la manipulation rappellent le modèle français, celui des Guignols de l'info. Les scénarios, eux, poursuivent la belle lignée des auteurs satiriques russes et singent la phénoménale campagne de désinformation orchestrée par le Premier ministre Poutine. Où l'on voit chaque soir au JT deux ou trois généraux s'exprimant dans un environnement choisi (soldats volontaires et souriants, absence totale de cadavres russes, tirs dans le paysage verdoyant du Caucase). Devenus des héros de télé, ils disent «la vérité», régulièrement mensongère, sur toute les chaînes y compris la privée, NTV. Sur ce canal, les «Koukli» constituent une rare plage d'information indépendante sur la guerre, par le biais d'un rire salvateur orchestré par leur créateur et auteur, Viktor Chenderovitch. Formé au Gitis (la grande école de théâtre moscovite), Viktor Chenderovitch, la quarantaine, a créé les «Koukli» il y a cinq ans. Chaque émission s'appuie sur une situation métaphorique connue du public. Cette semaine, on sera plongé dans l'Egypte des pharaons avec une momie (Lénine) dont on ne sait que faire, des pyramides (financières) et une Nubie nègre récalcitrante (la Tchétchénie). Par les temps qui courent en Russie, cette émission est essentielle, comme une lueur d