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Le passé étalé de la Stasi

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Les archives de la police de la RDA sont ouvertes au public.
publié le 5 novembre 1999 à 1h48
(mis à jour le 5 novembre 1999 à 1h48)

La salle a encore l'atmosphère de la RDA, en haut d'un vieil immeuble de Berlin, rue Karl-Marx. Sur les tables, des piles d'archives de la Stasi, l'ancienne police secrète de la RDA. Deux couples et deux personnes seules sont là ce matin, plongés chacun dans leur dossier. Dix ans après la chute du mur, ils cherchent encore à retrouver ce que la Stasi a pris de leur vie.

«Je veux savoir», répète August H., 73 ans, penché ce matin avec sa femme sur la plus grosse pile de documents de la salle. Retraité à Gütersloh, dans l'ouest de l'Allemagne, il est venu cette semaine, pour la seconde fois, s'enfermer avec son épouse dans cette pièce. Les dossiers qu'il épluche datent pourtant d'avant 1978, l'année où le couple fut arrêté en RDA. Mais il s'acharne: «J'ai encore quelques comptes à régler.» Condamné à perpétuité pour espionnage, il a fait cinq années de prison en RDA avant d'être livré à la RFA à la faveur d'un échange d'agents. «Sur les 8 IM (les collaborateurs informels de la Stasi, ndlr) qui ont rédigé des rapports sur moi, quatre ont été démasqués, explique-t-il. C'étaient d'anciens camarades de classe, tous morts entre-temps. C'est bien fait pour eux. Mais il m'en reste quatre à démasquer.» August H. soupçonne son beau-frère. Dans son dossier, il a retrouvé le récit de toutes ses conversations menées dans la maison de sa belle-famille. «Quand j'en ai parlé à mon beau-frère, il est devenu tout rouge et s'est éclipsé. Je veux trouver une preuve écrite pour lui mettre sous le