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Libération

Le trauma tchétchène. En Ingouchie, les hôpitaux démunis accueillent les réfugiés.

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publié le 5 novembre 1999 à 1h48

Les forces russes ont rouvert hier la frontière tchétchéno-ingouche

et laissé plus de 1 300 réfugiés tchétchènes, selon le HCR, entrer en Ingouchie ­ essentiellement vieillards, femmes et enfants.

Soujennskaïa (Ingouchie), envoyée spéciale.

Avec l'afflux de victimes civiles de l'offensive russe, les cinq hôpitaux de la république d'Ingouchie ne désemplissent pas. Dans le village de Soujennskaïa, à quelque dix kilomètres de la frontière tchétchène, le centre de traumatologie n'arrive plus à faire face. Les enfants partagent à deux les mêmes draps des quarante lits. Les corridors dans lesquels règne une atmosphère étouffante, les visiteurs se mêlant sans aucun contrôle ni précaution d'hygiène aux alités, sont encombrés de civières et de lits en fer.

Moignons. Dans la chambre numéro 7, deux femmes en fichu, effondrées par ce qui est arrivé il y a six jours à leurs fils, deux adolescents de 14 et 11 ans, sont assises, chacune à un coin du lit. Brusquement, l'une d'elles se lève et raconte, par phrases entrecoupées de sanglots: «Mon fils Ioussoup et son voisin Oumar étaient partis jouer dans la rue principale de notre village. A peine étaient-ils dehors que j'ai entendu le bruit de l'artillerie russe tout proche. Je me suis mise à hurler, pressentant ce qui était arrivé. Sur la route, à cent mètres de mon portail, c'était une vision d'horreur: des bras, des jambes, des morceaux de chair, des corps" J'ai vu mon gamin en sang, les deux jambes explosées par l'impact.» Ioussoup écoute sa